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Maladie D'Alzeimer / Vieillir Vivant / Mieux-être

  • Photo du rédacteur: Julie Ayache Descadeillas
    Julie Ayache Descadeillas
  • 8 oct. 2024
  • 3 min de lecture


Démarche de soins basée sur l’accompagnement de la personne dans son processus créatif, l’art-thérapie contribue à transformer les souffrances physiques et psychiques, quels que soient  les âges et les états de santé, en lien avec les partenaires médico-sociaux. Ce traitement non médicamenteux peut s’adresser aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer afin de recréer du lien avec le monde extérieur et retrouver une forme d’expression autre que la parole, quand les mots viennent à manquer. Chez le malade Alzheimer, l’art-thérapie permet en effet d’aller réveiller des souvenirs enfouis dans le subconscient, qui sont difficiles à faire émerger autrement qu’en repassant par les sensations ressenties sur l’instant.


les fragments du récit singulier. « Perdre gravement la mémoire devient ainsi être incapable de donner un sens homogène à sa vie. Celle-ci se résume à des instants suivis d’instants peuplés de restes non toujours perçus comme restes. Restes emplis de retours d’un passé revécus dans le moment présent, en confusion temporelle (...) L’existence est un projet. L’art-thérapie rétablit par moments la dynamique de l’existence en restaurant la force de créer ».


Plus que l’objet produit, l’acte de créer devient fondamentalement thérapeutique. Le processus que cette pratique met en œuvre permet de tenir la maladie à distance et d’oublier son emprise, pendant un temps plus ou moins long, dans le cadre d’un dispositif ajusté. Tout commence dès l’accueil des participants, leur déplacement vers l’atelier : s’installer, se vêtir d’un tablier si le matériau créatif le nécessite, échanger quelques mots de liaison, évaluer et choisir papiers, peintures, couleurs, supports, cahiers…


À l’occasion d’un partage dans une unité de jour qui accueille des personnes atteintes à différents stades par la maladie, âgées de 50 à 76 ans, je mesure à quel point l’espace et la relation humaine vont donner de l’élan au mouvement artistique qui va se déployer malgré les symptômes. Trois femmes et deux hommes sont entrés, la séance hebdomadaire d’art-thérapie « peinture et collage » peut commencer. Sur de grandes tables des toiles, de grandes feuilles à dessin, tubes et pinceaux semblent les attendre. Accueil, repère. L’un d’eux poursuit une peinture pointilliste. Ce sont les arbres du jardin du Luxembourg, abritant les chaises ouvragées dont je reconnais les ferronneries délicates. Sa parole accompagne son geste d’aquarelle. Ancien architecte, il a connu la ville de près et laisse remonter ses souvenirs de bâtisseur, épris des lieux. Le jardin du Luxembourg guide notre conversation également « pointilliste ».


La régularité des séances, leur temps et les différents rituels d’installation, de rangement... réinstaurent un avant, un pendant et un après. Une pulsation. De la temporalité. Attentive à la musicalité, aux couleurs et aux rythmes, aux formes qui surgissent et disparais- sent, à l’histoire inconnue sur laquelle accorder les séances, avec ses trous et ses accrocs. Il s’agit de prendre soin plutôt que de faire le soin, à l’opposé de l’institution en mal de réponse, tentée d’entretenir la dépendance. L’art-thérapie se place au contraire du côté des forces de vie, puissantes malgré l’irréversibilité actuelle de ce mal au traitement encore méconnu.


L’identité de la personne atteinte de cette souffrance procède d’un feuilletage d’histoires superposées. « Mon histoire d’avant. Réminiscences. La seconde histoire met la maladie en scène, la date et nomme ses symptômes, son évolution, ses constantes. La dernière est une histoire en construction » 3. Entremêlée et en- deçà de l’audible, c’est l’histoire intime du vécu de la maladie d’Alzheimer, celle qu’il s’agit de soutenir dans l’accompagnement art-thérapeutique.

Mots, paroles, scripts, croquis. Le travail d’écriture se déroule à partir du « blanc » que donne à voir la maladie d’Alzheimer, ce trou de mémoire dans la narration. Ce qui apparaît est moins la signification du script qu’une image qui fera acte et trace. La dimension plastique de l’écriture peut remplacer l’agraphie lexicale, modeler sa topographie, le dessin du texte et sa construction spatiale. Cette transformation peut être considérée comme un nouvel état linguistique, laissant vibrer le premier jet d’encre, la rature, la tache, le graphisme que compose l’enchevêtrement des lettres. C’est à cet endroit-là que pourra s’attarder l’art-thérapeute, entre l’indélébile et l’effaçable.

Créer, serait-ce de l’éphémère, signifie laisser une trace,

« L’art est un moyen de vaincre la mort » 4 écrivait Hans Hartung. Le témoignage d’une résistance vi- vante que ce temps de bascule ne doit pas mettre à mal.


. Jean-Pierre Klein, directeur de L’Institut national Art et Thérapie, psychiatre, auteur.



 
 
 

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JULIE DESCADEILLAS 

Art-thérapeute Paris 18ème

111, rue Marcadet 75018 Paris

Tel : 06.99.55.17.11

Contact: descadeillasjulie@gmail.com

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